Depuis 2015, l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) calcule chaque année le taux horaire d’un « salaire viable » au Québec. Mesuré pour trois types de ménages et selon différentes localités ou régions, le salaire viable doit permettre aux travailleurEs à temps complet (37,5 heures par semaine) non seulement de couvrir les besoins de base reconnus, mais de sortir de la pauvreté. Pour 2017, l’IRIS évaluait le salaire viable à 15,04 $ l’heure pour une personne seule (moyenne pondérée).

Cette année, l’IRIS a décidé de renouveler la formule en calculant ce que devrait être un revenu viable. À l’image du salaire viable, le revenu viable est un indicateur qui vise à identifier un seuil de sortie de pauvreté. Proche parent de la Mesure du panier de consommation (MPC), qui détermine le revenu disponible nécessaire pour combler les besoins de base (nourriture, vêtements, loyer, transport, autres biens et services), le revenu viable indique le montant annuel dont une personne a besoin pour disposer « des ressources, des moyens, des choix et du pouvoir nécessaires pour acquérir et maintenir son autonomie économique ou pour favoriser son intégration et sa participation à la société » (Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, art. 2). L’IRIS évalue le revenu viable pour une personne seule à 24 940 $ en 2018 (moyenne pondérée). Comme mesure de sortie de la pauvreté, le montant du revenu viable peut étonner par sa hauteur. Depuis quelque temps, le gouvernement du Québec laisse entendre que le « seuil de pauvreté » s’établit à partir de la MPC (18 173 $/année) et qu’une fois atteint ce seuil, une personne n’est plus jugée comme étant pauvre. L’IRIS montre bien qu’une telle interprétation est erronée, car la MPC ne s’appuie que sur la couverture des besoins de base et laisse dans un état de précarité les personnes dont le revenu s’élève à la même hauteur. La différence de 8 401 $ qui sépare le revenu viable et la MPC montre l’écart entre la couverture des besoins de base et la sortie de la pauvreté. Lorsque l’on compare le revenu annuel des personnes assistées sociales (9 641 $) et le revenu viable, l’écart se creuse davantage, pour s’élever à 16 933 $. Pour l’IRIS, la définition d’un revenu viable est « l’occasion de penser de manière lucide à une réelle lutte contre la pauvreté, mais aussi aux normes minimales du travail ». Pour ce faire, il faudrait que se réalisent deux revendications du Collectif : une augmentation substantielle des protections publiques et une  hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure. Vivre sans peur du lendemain, sans craindre les dépenses imprévues, exige que chaque personne puisse compter sur un revenu qui surpasse la simple satisfaction des besoins de base. Accorder le minimum revient à accepter la pauvreté. Or, faut-il le rappeler, il existe une loi qui nous enjoint collectivement de tendre vers un Québec sans pauvreté.

 

Pour lire la note de l’IRIS :

https://tinyurl.com/revenu-viable